Ep. II : POURQUOI L’EROTISME ?
Mon idée de départ est que l’érotisme est une clef pour comprendre le Japon. Parmi les premiers mots évoquant le Japon, n’y a-t-il pas la semi mythique geisha, à la fois artiste et prostituée, femme entretenue et éminence grise ? Le sexe fait d’ailleurs partie intégrante des textes des Japonais eux-mêmes, de Kawabata à Murakami Ryu en passant par Mishima, mais cela reste une vision « en dedans », tournée vers le Japon et les Japonais.
Prenons les belles endormies de Kawabata. Une des belles dont rêve le narrateur est occidentale, mais ses traits, son nez trop long et ses cheveux trop blonds, sont gommés par le pinceau de l’auteur, la transformant en une figure sans véritables racines avec l’Occident… Il restait donc à faire un roman sur le Japon des étrangers, où les fantasmes locaux rentreraient en concurrence, en fusion, en collision parfois, avec l’érotisme occidental.
Donc acte ! Voici l’histoire de deux Français à Tokyo. Le premier, Sébastien, est là depuis trop longtemps. Il parle la langue, connaît la culture, et craint comme la peste les délicieuses jeunes femmes aux allures de poupées qui peuplent l’archipel. Avec lui vient Daniel. Plus jeune, plus naïf peut-être aussi, Daniel fait partie de ces occidentaux qui découvrent brutalement qu’au Japon, ils sont beaux. Et là, comme un enfant dans une pâtisserie où tout serait gratuit, il se fait une indigestion de gâteaux…