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Le devisement du monde
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Le devisement du monde
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7 mars 2008

Ep. II : POURQUOI L’EROTISME ?

Mon idée de départ est que l’érotisme est une clef pour comprendre le Japon. Parmi les premiers mots évoquant le Japon, n’y a-t-il pas la semi mythique geisha, à la fois artiste et prostituée, femme entretenue et éminence grise ? Le sexe fait d’ailleurs partie intégrante des textes des Japonais eux-mêmes, de Kawabata à Murakami Ryu en passant par Mishima, mais cela reste une vision « en dedans », tournée vers le Japon et les Japonais.

Prenons les belles endormies de Kawabata. Une des belles dont rêve le narrateur est occidentale, mais ses traits, son nez trop long et ses cheveux trop blonds, sont gommés par le pinceau de l’auteur, la transformant en une figure sans véritables racines avec l’Occident… Il restait donc à faire un roman sur le Japon des étrangers, où les fantasmes locaux rentreraient en concurrence, en fusion, en collision parfois, avec l’érotisme occidental.

Donc acte ! Voici l’histoire de deux Français à Tokyo. Le premier, Sébastien, est là depuis trop longtemps. Il parle la langue, connaît la culture, et craint comme la peste les délicieuses jeunes femmes aux allures de poupées qui peuplent l’archipel. Avec lui vient Daniel. Plus jeune, plus naïf peut-être aussi, Daniel fait partie de ces occidentaux qui découvrent brutalement qu’au Japon, ils sont beaux. Et là, comme un enfant dans une pâtisserie où tout serait gratuit, il se fait une indigestion de gâteaux…

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Commentaires
A
"Dans ce livre tout est vrai parce que j'ai tout inventé" Boris Vian<br /> Mon livre, écrit pour un public occidental, devait effectivement prendre pour support un point de vue de gaijin, au début du récit au moins. Je me souviens de mes difficultés à comprendre la délicatesse des sentiments du narrateur japonais de Clair Obscur de Sôseki : où est l’action, l’histoire ? Comment comprendre ce qui se passe dans le cœur et la tête d’un ou d’une Japonaise ? Et ne parlons pas de traduire cela en mots…<br /> Et pourtant j’ai essayé de le faire, le plus honnêtement possible. L’usage des archétypes, vu par des yeux occidentaux, c’est vrai, m’a semblé utile justement pour cela : mis dans une certaine situation, placé sur les « rails » de la politesse et du devoir à la famille ou à l’entreprise, la réaction japonaise peut se décoder, se comprendre. <br /> L’onirisme, le fantasme sexuel du Japon, j’ai essayé de le trouver non seulement chez les auteurs français et japonais, mais aussi dans la masse des publications pornographiques, de plus ou moins bon goût, que se soit en manga ou en magazines… Sans oublier la manne des anecdotes d’amis expatriés et de collègues japonais. Mieux encore, mon texte a été relu, par des Français mais aussi par une Japonaise. Je raconterai sûrement cela dans un prochain article.
L
C'est plutôt une clé d'interprétation de sa relation avec le Japon qu'une clé culturelle du Japon lui-même. Cette optique permet comme dans la majeure partie de la création gaijin occidentale avec le Japon comme toile de fond d'évacuer l'humain japonais - gageure de l'auteur: comment se mettre à leur place, comment diriger un héros, un "je" japonais, qui plus est masculin?, sauf bien sûr pour les personnages féminins qui sont le yin local du yang gaijin. On n'est pas dans la clé culturelle - ça c'est une prétexte mais il en faut un bien sûr - mais dans la clé du phantasme, et dans la découverte que sa laideur apparente dans son pays passe ici inaperçue, on est dans le Japon épouse/mère/amante consolatrice, source d'apaisement de sa libido. Le genre des mots ""exotisme" et "Japon" a tout faux qui devraient être des termes majoritairement féminin. On en revient donc toujours à soi, le Japon étant un prétexte, sa culture un décors, une piste de ski où le gaijin - au début en tout cas - glisse et s'y grise.
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