SHIBARI, QUAND TU NOUS LIEN
Le problème quand on donne à lire un livre érotique aux membres de sa famille, c'est qu'on s'expose à de drôles de questions entre le poire et le fromage. L'une d'elles est récurrente: "Antoine, c'est quoi le bondage?" C'est vrai qu'il y a une longue scène dans Tokyo Rhapsodie où cette pratique est mise en valeur. J'aurais pu répondre que le bondage, ou shibari (ou encore kinbaku) en japonais, c'est ce qui s'étale sur les murs du métro: une érotisation du corps attaché.
Sauf que ce qui pourrait être vu comme une banale pratique sado-maso est au Japon un art vieux de plusieurs siècles. Il faut remonter à l'ère d'Edo pour trouver les premiers lois en matière de lien: un prisonnier doit être attaché selon des règles strictes en fonction de son rang, du crime commis... Les nœuds par exemple sont considérés comme infamants, et par là même réservés aux roturiers.
La pratique a depuis quitté le monde judiciaire pour entrer dans celui plus flottant des jeux érotiques. Le milieu underground s'en est également emparé, et le travail plastique d'une Midori ou d'un Merzbow est indéniable. Le shibari s'invite même à la rentrée cinéma de septembre avec Inju !