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Le devisement du monde
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Le devisement du monde
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30 mars 2008

LE CONSEIL DU LIBRAIRE

A ce sujet, laissez-moi vous raconter l'histoire de l'Analphabète de Siem Reap. Siem Reap ? C’est une ville, presque un bourg en vérité, au Cambodge. Ce lieu dormirait doucement sous le soleil et la poussière s'il n'était placé à quelques kilomètres des ruines d'Angkor. Le flot de touristes et la manne que ceux-ci représentent ont attiré un certain nombre d'expatriés, et j'ai quelques bons copains parmi eux.

Cuisine_Khmer_02

L'un d'eux, alors que je terminais de manger à sa table, me montra Un long dimanche de fiançailles qu'il venait d'acheter d'occasion en ville pour moins d'un dollar. "L'avantage, me dit-il, quand un analphabète ouvre une librairie, c'est qu'il vend à rien des petits bijoux comme ça". Mon ami est généreux, il me laissa pour rien le bijou en question. Sa remarque m'avait pourtant fait un peu rêver. L'Analphabète, je le connaissais de vue, Siem Reap est minuscule et il m'étais arrivé d'échanger deux mots avec lui au bar.

Bref, me voilà un soir dans la boutique, à farfouiller les bacs. Le prix des livres semblait lié au poids : un dollar Le Horla, six le Higgins Clark... Mouais. Et puis des surprises : pourquoi diantre les Bonbons chinois de Mian Mian est-il côté à 15 dollars, d'occasion ? Mais voilà le patron, on parle. Il fouille la pile que j'ai constituée de ses gros bras aux tatouages délavés par le soleil. Je pointe les Bonbons que j'ai laissés de côté : trop cher pour moi. Son œil s'allume : "Ah ouais, il est bien bandant celui-là... Ca m'embête un peu de le vendre." Allons bon ! Monsieur est-il libraire ou collectionneur ? Mais voilà sa femme qui s'en mêle, c'est qu'elle a flairé en moi le bon client (tu parles ! Ma sélection fait un mètre de rayonnage, dix kilos de bouquins à répartir dans mon sac et celui de ma chère et tendre). Elle interpelle mon collectionneur, en khmer, ou bien est-ce du viet ? Au physique de la petite Madame je pencherais plutôt pour la seconde hypothèse.

Le gros homme s'incline, dit "oui, oui"... Et me fait même un rabais sur les Bonbons qui du coup deviennent abordables et qu'il fourre dans un sac: "Tiens, c'est bien bon, tu verras..."

Il avait raison, ce livre est resté avec moi tout ce temps et si aujourd'hui j'ai un regret, c'est de ne pas avoir noté sur mon calepin les autres livres que ce curieux bonhomme avait côtés à dix ou quinze dollars... Combien de lectures m'ont ainsi échappées ?

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